Le Château de Kerjean est classé

MONUMENT HISTORIQUE

Ce classement a été effectué en 1911, lorsque le château a été acheté par l'Etat.

Le Comité des Monuments historiques a été créé en 1832.

Cette époque est marquée par le romantisme, l'intérêt pour l'architecture médiévale, pour l'archéologie et pour les ruines en général.

Prosper Mérimée devient en 1834 Inspecteur Général des Monuments Historiques. Pendant 30 ans, il va parcourir la France décrivant l'état de délabrement de la plupart des édifices. Il va entraîner dans son sillage l'architecte Viollet-le-Duc. Ces deux personnalités vont marquer de grandes campagnes de sauvegarde.
En 1835 on crée un comité destiné à faire l'inventaire des documents et monuments de l'Histoire de France.
En 1837, est instituée une commission appelée à examiner les demandes de subventions pour restauration.
En 1887, la loi permet le classement d'office pour interdire la destruction ou la modification des monuments considérés d'intérêt public.

Quels sont les avantages et les contraintes pour un propriétaire d'un Monument Historique ?

Il reçoit des subventions lors des travaux de restauration.
Il doit suivre des prescriptions et des recommandations données par l'architecte des Monuments Historiques.
Il doit ouvrir son monument au public un certain nombre de jours par an.
Les infractions aux règles de protection du patrimoine classé sont punies par l'Etat.

Le classement MH est national mais il existe aussi un classement mondial.
Le Mont-saint-Michel, par exemple est classé au " Patrimoine Mondial de l'Humanité " par l'UNESCO.

On ne classe pas seulement les monuments et les œuvres d'Art mais aussi les paysages, les sites industriels etc…La notion de patrimoine s'est beaucoup élargie.

Avec les enfants on peut aborder la notion de PATRIMOINE

père
ancêtres
héritage
propriété
passé
présent
………

Les monuments historiques sont une partie de notre patrimoine commun.
Le terrain et le bâti appartiennent au propriétaire.
Les dimensions esthétique et historique appartiennent à la collectivité.
Cela entraîne pour chacun jouissance et responsabilité.

Aujourd'hui on se bouscule aux Journées de Monuments Historiques

Pourquoi se passionne-t-on pour le patrimoine ?

Nostalgie du passé ?
Refus des productions contemporaines ?
Oubli de la réalité le temps d'une visite ?
Sentiment d'appartenance à un groupe, une nation ?
Recherche de racines quand on est " déplacé " ?
Jouissance devant les formes et les matériaux du passé ?

Le château de Kerjean est en restauration

La nature des travaux :

Consolidation et décoration

Reprise des maçonneries extérieures
Reprise des fondations
Mise hors d'eau
Rejointoiement des façades
Renforcement des planchers
Ouverture de nouvelles baies
Restauration et création de fenêtres - menuiserie vitrerie serrurerie peinture
Aménagement des salles pour les visites (sécurité et décor)

Le parti pris consiste à rendre la dimension historique des intérieurs. Le public pourra ainsi découvrir au fil de la visite l'évolution du décor intérieur du château.

La reconstruction du corps de logis nord-est, détruit probablement par un incendie au 18e siècle, n'est pas envisagée pour l'instant.

Quels corps de métiers peut-on voir sur le chantier ?

Maçons
Charpentiers couvreurs
Menuisiers
Vitriers
Serruriers
Peintres
Architecte

Comment les entreprises ont-elles été choisies ?

Par appel de candidature

Le choix se fait par référence des chantiers déjà réalisés par l'entreprise

Certains corps de métiers doivent avoir une qualification Monuments Historiques, un agrément de la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles)

Les étapes d'une restauration

L'étude

Avant de procéder aux travaux de restauration, on étudie :

* Les archives (documents, gravures, dessins) et les éléments archéologiques qui permettent de recueillir des informations sur l'apparence du monument dans le passé. Construction, modifications, restaurations antérieures.

* L'état actuel du monument : diagnostic des dégradations affectant la solidité des structures et des décors ainsi que les causes de ces dégradations

Cette étude permet d'établir un Projet Architectural Technique qui décrit la nature des travaux à effectuer.
Il n'y a pas de recette toute faite, les partis pris sont souvent le résultat d'un dialogue entre l'architecte, le propriétaire et les artisans restaurateurs.

La restauration

C'est la phase des travaux. Les artisans entrent en action.
Toute intervention est consignée dans un dossier.

La conservation

On restaure un monument pour le transmettre. Une restauration entraîne
toujours une réflexion sur la conservation.

Prévention des dégradations, entretien, information du public….

A ce sujet on pourra proposer aux enfants de toucher aux échantillon de matériaux exposés en leur expliquant bien qu'il s'agit d'une autorisation exceptionnelle. La règle dans les monuments et musées est de ne pas toucher pour ne pas dégrader

Etudier : Passé
Restaurer : Présent
Conserver : Futur
On restaure pour le Futur du Passé

L'histoire de la restauration

On restaurait déjà les œuvres d'art dans l'Antiquité classique.

Très longtemps la restauration a été confiée à des artistes qui apportaient une part importante de leur créativité. Par exemple on restituait un membre manquant sur une statue, on la remodelait lorsqu'elle ne correspondait plus au canon de l'époque.

Il faut attendre le 18e siècle pour voir apparaître une distinction entre l'artiste et le restaurateur.

Les restaurateurs cherchent alors à redonner aux monuments et aux œuvres leur aspect d'origine. Cela conduira au 19e siècle à de véritables reconstructions de monuments. On supprime les ajouts postérieurs à la construction et on recrée en fonction de la vision que l'on se fait du monument idéal. On reconstitue le monument non pas tel qu'il fut mais tel qu'il aurait dû être.

Viollet-le-Duc, architecte et historien du Moyen-âge, restaure et reconstitue divers monuments importants : la Ste-Chapelle de Paris, la Basilique de Vézelay, Notre-Dame de paris, la Cité de Carcassonne, le Château de Pierrefonds… Les restaurations de Viollet-le-Duc ont été très critiquées dans la mesure où elles interdisent tout autre interprétation du site que la sienne.
A Quimper, l'architecte Bigot restaure la cathédrale St-Corentin endommagée par la révolution. Il donne à l'intérieur de l'édifice, une ambiance obscure qui correspond à la vision romantique que l'on a alors du Moyen âge.

Actuellement on est beaucoup moins interventionniste, on respecte davantage l'intégrité du monument et on modifie le moins possible.

On ne reconstruit que lorsque l'on est sûr de ne pas commettre d'erreur. Pour cela on étudie les archives et les éléments archéologiques.

Les restaurations antérieures et les modifications sont également prises en compte comme appartenant à l'histoire du monument.

La restauration actuelle de la cathédrale de Quimper redonne à l'ensemble du monument sa dimension originelle de cathédrale de lumière tout en laissant une place, dans les chapelles latérales du chœur à la vision sombre et romantique du 19e siècle.

Les trois principes de bases de la restauration sont :

* La stabilité dans le temps des matériaux
On restaure pour transmettre

* La réversibilité de l'intervention
On doit pouvoir retrouver l'état d'avant la restauration
Il faut pour cela utiliser des matériaux réversibles
Ex. les fixateurs des peintres

* La lisibilité de l'intervention

Les artisans qui travaillent actuellement au château

Le Maître Verrier

Atelier de Ste-Marie à Quintin (22)

Il restaure des fenêtres déjà existantes. Dépose, remise en état.
Il travaille sur de nouvelles fenêtres.
Pour le chantier de Kerjean il utilise du verre transparent non teinté.
Il utilise du verre soufflé à la bouche, avec le procédé du soufflage de cives.

Il coupe les plaques de verre à l'aide d'un diamant.
Au 16e siècle il n'y avait ni diamant ni molette, on coupait le verre à l'aide d'un fer porté au rouge.
La vitre obtenue est fixée à la fenêtre à l'aide de mastic.

Le peintre

L'entreprise l'Acanthe (44) a déjà participé à de grands projets de restauration : le parlement de Rennes, la Cathédrale de Quimper, la maison à Pondalez de Morlaix…

A Kerjean il intervient sur les huisseries (intérieur et extérieur)
Il réalise des badigeons de chaux à l'intérieur
Il peint des décors de couleurs à l'intérieur

Les matériaux qu'il emploie :

La chaux en pâte (on l'utilisait à l'époque de la construction de Kerjean)

Les peintures de couleurs qui sont obtenues avec
de l'huile de lin (matériau traditionnel)
des pigments naturels (la couleur verte est obtenu avec des végétaux)
un fixateur (il doit être réversible car c'est une règle de la restauration - autrefois on utilisait la caséine mais comme elle n'est pas réversible on utilise un fixateur moderne)
du blanc de zinc pour les extérieurs

Il y a bien sûr des secrets de fabrication en particulier concernant la nature des pigments


Le Maître tailleur de pierres - Maître maçon

ART - Plélo (22)

Il a travaillé à la restauration de la cathédrale de Quimper et restaure de nombreuses églises.
95% de ses chantiers sont des monuments historiques.

Son intervention à Kerjean :

Nettoyage et jointoiement des façades extérieures
Changement de certaines pierres
Sculpture d'ornements

Il n'a pas droit aux machines, il doit travailler à la main.

Il utilise un granit clair qui provient de Languédias 22. Les carrières locales de " granite de Ste-Catherine qui ont servi à la construction sont fermées.

Les carriers, détachent les blocs de pierres dans les carrières.

L'appareilleur est le dessinateur des tailleurs de pierre. Il relève les motifs, les dessine et réalise un panneau ou gabarit. C'est un métier très ancien.

Le menuisier

Il crée des fenêtres et des portes neuves
Il répare l'existant : étanchéité, remplacement
Il fait les planchers et les lambris

Il utilise du chêne

Le charpentier couvreur

Il fait les solivages des plafonds des 1e et 2e étages
Il faut doubler les planchers en raison de la surcharge provoquée par le passage des visiteurs
Il utilise du chêne - Le bois de charpente était utilisé dans l'année qui suivait l'abattage.
Il doit utiliser un outillage manuel : par exemple un rabot à main

La chargée de sécurité

Une femme est chargée des mesures de sécurité pour protéger les personnes qui travaillent à la restauration.

Les matériaux de Kerjean

La pierre

Granit pour les murs et les sols
Schiste pour les ardoises des toits

Le granit est une roche grenue, c'est à dire une roche à " grains ". Trois espèces minérales dominent sa composition : micas, feldspaths et quartz.

Le kersanton est très peu présent à kerjean. C'est cependant un matériau abondamment utilisé dans l'architecture bretonne. Ce n'est pas un granit. C'est une roche éruptive au grain très fin. Elle est tendre lorsque l'on vient de l'extraire et durcit ensuite beaucoup. C'est l'utilisation de ce matériau qui a permis le formidable développement de la sculpture bretonne, en particulier sur les calvaires monumentaux. Les carrières se situent à Kersanton en bord de Rade de Brest.
La juxtaposition de gisants en kersanton et en granite dans la salle de garde de la chapelle permet de bien comparer ces deux roches.

Ont peut montrer aux enfants la différence entre les parements de pierre taillées et l'appareillage de moellons sur le mur Est, près de la chapelle. Il faut aussi faire remarquer que la pierre taillée est rare et signe de prestige et de grande richesse. Les maisons rurales sont en pierres non taillées, c'est aussi le cas de la plupart des manoirs.

Le château de Kerjean a de solides fondations et des caves. Les maisons traditionnelles rurales de Bretagne en sont dépourvues.

On peut montrer aux enfants l'épaisseur des murs.

Le bois

Essentiellement du chêne
Il a été utilisé pour :
Les charpentes
Les solives de planchers
Les planchers
Les huisseries

On peut faire remarquer aux enfants que les lattes de parquet ne sont pas régulières.
Il y a une différence entre la technique traditionnelle artisanale et les matériaux actuels standardisés.

La terre

Certains planchers sont réalisés avec des quenouilles de torchis. Petits rondins de bois entourés de terre crue et de paille, posés à cheval sur les solives. Les quenouilles de torchis ne seront pas reconstituées dans la restauration.

Des tommettes de terre cuite pour les sols

Le métal

Pour les serrures
Les grilles

Le verre

Pour les fenêtres et les vitraux de la chapelle
On peut montrer aux enfants sur un échantillon, les effets du verre soufflé à la bouche.

Textes de Marielle Proust, guide interprète régionale